Eggenschwiler Angélique
Deux décennies… c’est brouillon forcément, quoi d’autre sinon un peu du monde qui s’imprime sur nos joues ? Quelques drames peut-être, un morceau de genou sur le gravier, une dent de lait, des mercredis d’errance. Les chaussures qui rétrécissent, James Cameron sur un bateau et l’Apocalypse au saut de l’an. New York sous la poussière. Les Télétubbies et le soupçon d’autre chose, les Pokémons, les garçons. Eté 2003, le soleil tue. Les hommes aussi. Le parallélogramme et les tsunamis. La musique, les jeans à trous et un trou dans la langue. Harry Potter boit du rhum et parle de folie ordinaire. Il y a Kassovitz et Gainsbourg, Boris Vian, Sankara. Il y a demain, et bientôt… et ensuite ? Les gens qui comptent, celui qui reste et ceux qui partent. Ceux qu’on quitte, pieds nus sur les cailloux pour cueillir au sud le sourire d’un môme et la gangrène sur ses doigts. Un peu d’exil dans les veines. Des automnes et quelques printemps, la route, le verger, les étoiles, les deuils. Des héros toujours, des héritiers de Brel qui titubent dans une Bruxelles hostile, Frida, Mata et des moins belles, et des plus denses. Quelques anonymes aussi. Il y a les coups de feu sur le sable, des milices en costumes de charia. Une étudiante en morceaux dans un bus de New Dehli, des enfances avortées sur une plage, naufragées sur nos manchettes. Il y a des poètes et des assassins, la terre s’arrondit, les rêves sont poreux, les hommes délétères. Il y a demain… et déjà hier.
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